J'ai toujours voulu être médecin. Depuis mon enfance, que je passais à l'hôpital. Non, je n'étais pas malade, c'est juste que quand on a un père chirurgien et que l'on a une mère agent qui fait passer ses clients avant sa propre fille et bien très souvent, j'étais confiée à la garderie de l'hôpital. J'ai pratiquement grandit la bas. Je m'y sens bien, je m'y sens chez moi à vrai dire. Même si beaucoup de gens ne me comprenne pas sur ce point là. Parfois même des médecins ou mes confrères chirurgiens. Mon métier est ma raison de vivre, si je ne pouvais plus exercer, je ne sais pas du tout se qu'adviendrait de moi.

Cela ne faisait pas longtemps que j'habitais à Dream Island et que j'avais donc un poste dans cet hôpital. Mais depuis quelques semaines, je remarque cette jeune femme en fauteuil roulant quand je vais prendre une pose histoire de boire un café à l'extérieur. Elle reste là, devant l'hôpital pendant des heures et des heures à regarder les gens aller et venir. J'avais posée la question à mes collègues, personne ne la connaissais, elle n'était jamais rentrée une seule fois à l'intérieur de l'établissement.

Très souvent les matins, quand je suis en route pour attaquer ma journée, je pense à cette fille. Si elle va venir aujourd'hui, si elle allait enfin entrer. Nous dire son prénom. Le plus clair du temps, elle n'était pas là. Et les fois ou elle venait, elle ne bougeait pas de devant le bâtiment.

Aujourd'hui, je suis sortie me dégourdir les jambes après une intervention. Et elle était là. Ayant besoin de me changer les idées et surtout parce que j'étais trop curieuse, je me décide donc à l'aborder.

"Bonjour. Je vous vois souvent ici. Vous venez voir quelqu'un ?"

Cette hypothèse venait de lui traverser l'esprit. Après tout, elle était peut-être ici pour voir quelqu'un et qu'à chaque fois, elle n'osait pas.

Bon, finalement, j'avais eu un peu raison de penser qu'elle était là pour elle-même. Après, ça n'avait été qu'une intuition. Mais là, un blanc s'installe et je n'aime pas trop ça. Je tente alors un sourire, puis je bois une gorgée de mon café tout en cherchant quelque chose à lui répondre. Et c'est là qu'elle lui apprend qu'elle vient de New-York et qu'elle avait refusée de faire de la rééducation.

"C'est marrant, moi aussi je suis New-Yorkaise !"

Bon d'accord, c'était inutile se que je venais de lui dire, puisqu'elle devait s'en foutre royalement. Je ne suis pas la seule fille qui vient de New-York sur cette île après tout, la preuve, nous sommes au moins deux maintenant.

"J'imagine que ça ne doit pas être évident en effet."

Oui, je suis médecin, mais je ne peux pas imaginer une seule seconde se que les patients endure. Ce qui rendait parfois les échanges avec eux un peu compliqué d'ailleurs. Ils ont un problème de coeur, je les soigne, mais je ne sais absolument pas se qu'il ressente réellement. A sa question, je sors un peu de mes pensés afin de lui répondre, toujours avec mon visage souriant, comme d'habitude.

"Au service cardiologie. Je suis chirurgien."

J'hoche un peu ma bouille afin de lui désigner la porte d'entrée.

"Je sais que l'on ne se connait pas mais... si je vous proposez d'entrer pour vous offrir un café ? Ca serait déjà considéré comme un premier pas non ?"

Je ne la connaissais pas mais allez savoir pourquoi, j'avais envie de lui filer un petit coup de main pour sauter son blocage, même si ce n'était que boire un café, c'était toujours un pas. Petit, mais un pas quand même.

A sa remarque, j'étais partagée entre un sourire et un soupire, parce que c'est vrai que j'adore mon métier, je ne me vois pas sans, mais d'un autre côté, il y a des jours qui se passent moins bien que d'autres. Au lieu de sauver la vie d'une personne, quelque chose peut se passer plus mal que prévu, voir, une éventualité que nous n'avions pas pris en compte : et là c'est le drame. Et en général, un drame n'arrive jamais seul. Il dure souvent toute la journée.

"Oui ça c'est sur. Au moins, on ne s'ennuie jamais. C'est varié, j'aime beaucoup se que je fais."

Et heureusement d'ailleurs, c'est le genre de métier que tu ne peux pas faire si tu n'aimes pas. Mais c'est dans des moments comme celui là, ou une demoiselle qui a besoin d'un coup de main, accepte d'entrer dans l'hôpital pour boire un simple café, que l'on retrouve le sourire, même s'il est vrai que je ne le perds que très rarement. Je l'accompagne donc jusqu'au machines à café, où je la laisse faire son choix avant de commander, pendant que le café coule, elle me fait la promesse de me payer un café en retour, se que j'apprécia évidement.

"Si vous continuez à venir observer l'hôpital, c'est certain que nous allons nous recroiser. Je passe pratiquement tout mon temps ici."

Je lui tendit ensuite son gobelet, tout en nous éloignant des machines pour rejoindre des tables. Je m'installe alors tout en remuant ma boisson et en écoutant sa question.

"Mon père était lui aussi chirurgien. J'ai donc grandit dans un hôpital et en quelque sorte, il m'a toujours un peu poussé à faire ce métier. Donc oui j'ai toujours voulu devenir chirurgien. Mais quand je suivais mes cours à la fac, j'avais quand même beaucoup plus envie de m'amuser que de devenir médecin je l'avoue."

j'avais rit, et quand je repense à cette période, mais aussi à mon adolescence ou j'avais fait la pire frayeur à mes parents, je me dis que j'avais finalement bien trouvé ma voie.

"Vous faites quoi comme métier vous ?"

J'étais tout à fait d'accord avec se qu'elle venait de dire. Il fallait profiter à fond de sa jeunesse avant que l'on ne devienne trop adulte et responsable pour pouvoir faire des folies. C'est vrai, souvent on fini par le regretter et en général, ces regrets nous rongent. Et ça en devient tellement insupportable que l'on fini par se détester aussi. Heureusement, ce n'était pas du tout mon cas. Je m'aime comme je suis, sans aller pour autant dans le narcissisme attention.

Tout en buvant mon breuvage, j'écoutais la demoiselle me dire qu'elle ne savait pas trop où elle allait. Puis elle baissa les yeux avant de lui expliquer qu'elle était ballerine. Tout de suite, je comprends mieux le sens de sa première phrase. Du jour au lendemain quand on embrasse une telle carrière, ça ne devait vraiment pas être facile d'être en fauteuil roulant, ne plus pouvoir danser quand on vie pour sa passion, ça doit être très difficile.

-Je veux bien le croire oui. Mais pourquoi avoir autant peur d'aller en rééducation ? La médecine fait de véritables miracles de nos jours. Ce n'est pas mon domaine, mais je pense ne pas trop m'égarer en vous disant que vous pourriez remarcher un jour.

Je venais de faire un énorme pas vers elle à ce moment là. Et j'avoue que sur le moment, je l'avais un peu regrettée, je ne voulais surtout pas la faire fuir et peut-être que là, je venais de l'effrayer et de me retrouver dans la case où elle devait mettre toutes ces personnes qui la poussaient contre son avis à faire de la rééducation.

-Excusez-moi si je vous ai un peu brusquée, ce n'était pas du tout mon intention, puis ce ne sont pas mes affaires. Vous n'êtes pas obligée de répondre.

Même si sa réponse, je l'attendais avec impatience en fait. J'étais beaucoup trop curieuse et surtout, j'avais un peu trop envie d'aider les gens qui semblaient en avoir besoin.

Je pouvais tout à fait concevoir que c'était une situation compliquée. Mais je n'arrivais pas tout à fait à comprendre, si ce n'était pas un minimum la peur qui l'empêchait d'avance, c'était quoi ? Elle était en train de me l'expliquer, j'allais donc avoir rapidement ma réponse. Se qui me surprit un peu puisque j'avais un peu mis les pieds dans le plat à l'instant. Plus elle me racontait se qu'elle ressentait, plus j'avais l'impression de mieux la comprendre. Malgré le fait que je ne puisse pas vraiment savoir à cent pour cent ce qu'elle ressent. Son inquiétude de ne plus pouvoir retrouver le niveau qu'elle avait avant l'accident, ou alors tout simplement l'idée de pouvoir à nouveau danser, ça devait être extrêmement compliqué de vivre avec toutes ces questions qui demeure sans vraiment de réponse.

-Je corps humain nous réserve encore beaucoup de surprise et nous ne pouvons pas toujours prévoir comment il va réagir, malgré les études qui ont été faite, chaque personne réagis différemment. Je ne suis pas la plus qualifiée pour vous donner des conseils de ce côté là du corps. Mais si je peux me le permettre, vous ne devriez pas avoir de raison pour essayer de sauver vos jambes, elles sont à vous. Elles ne sont pas à vos amis, ni à votre famille. Vous devriez le faire pour vous. Vous accrocher au fait que vous êtes en bonne santé et que vous devriez pouvoir retrouver des sensations rapidement.

Il était évident que je risquais de la faire fuir avec ce que je venais de lui dire, encore une fois, ça ne me regarde pas plus que ça. Mais je trouvais ça tellement dommage qu'elle se prive de pouvoir marcher alors qu'elle le pourrait. Beaucoup trop de personnes ayant perdu la possibilité de marcher voudrait avoir la chance qu'elle a. Je terminais tranquillement mon café tout en regardant l'heure sur l'horloge qui se trouvait en face de nous. Il ne faut tout de même pas oublier que je suis censée travailler et que j'ai des patients

Effectivement, je ne pouvais pas comprendre se qu'elle était en train de vivre. Même en travaillant dans le milieu médical, on ne peut pas imaginer, quand on est médecin, se que les patients traversent véritablement. C'est se qui rendait les soins un tantinet complexes. Mais on essaye de faire de notre mieux, enfin, pour ma part en tout cas. Mais sans aide, on ne peut pas faire grand chose. Quand elle me désigna ses jambes, je suivi son mouvement des yeux avant de reposer mon regard sur elle.

"Je comprends se que vous me dite ne vous en faite pas, et je ne le prend pas mal non plus, rassurez-vous.

Quand elle jeta son gobelet, j'en fit de même tout en affichant un petit sourire sur mes lèvres, je n'allais certainement pas garder l'image d'une personne désagréable. Juste d'une personne qui a l'air un peu perdue et qui ne sait plus trop qui elle est.

"Oui, j'ai des patients à voir. lui dis-je avant de continuer. "Mais ça sera avec plaisir pour un échange de café, ça sera peut-être en dehors de l'hôpital cette fois ?"

Je lui tendit ma main afin de la saluer, j'espérais vraiment la recroiser en tout cas. Même si ce n'était pas en tant que patient. Je dirais même : surtout pas en tant que patient. Les amies se font rare ces jours-ci et Amy avait vraiment l'air d'être quelqu'un de bien et de très joyeuse quand on ne lui parle pas de ses jambes qui lui en font voir de toutes les couleurs.